L’Ukraine, une nouvelle phase de la démondialisation commencée en 2008
Cette démondialisation est entrée dans sa 4ème phase. La première est arrivée avec la crise financière de 2008 et le coût d’arrêt à la globalisation financière.
Puis la guerre commerciale USA – Chine qui a remis en cause certains échanges et investissements.
La 3ème phase est apparue évidemment avec la pandémie qui pousse les entreprises à repenser les chaînes d’approvisionnements.
Comme l’avait annoncé Larry Fink, PDG du fond d’investissement Blackrock dans sa lettre aux actionnaires fin mars, La guerre en Ukraine, 4ème phase de démondialisation identifiée par le FMI, signe la fin de ‘’l’hypermondialisation heureuse’’, dans une reconfiguration amorcée avec la pandémie et qui se traduit par une crise énergétique.
Le danger d’une démondialisation non contrôlée est clairement l’émergence d’un monde constitué en bloc rivaux.
La ‘’nouvelle mondialisation’’ devient ‘’High costs’’
80 % du commerce mondial passe par des chaînes d’approvisionnements internationales.
La Russie s’est découplée de l’économie mondiale. Sanctions, gels d’avoirs, coupures des liens commerciaux et financiers, la guerre devient économique et tranche avec l’interconnexion portée par la mondialisation.
On assiste à une solidification des frontières, à la diffusion de l’inflation et fin de l’énergie bon marché.
Ce qui nous réunissait, flux d’argent et d’information, nous sépare.
Pour Pierre-Olivier Gourinchas, la mondialisation n’était pas complètement heureuse, dans la mesure où si elle a permis de sortir des centaines de millions de personnes de la pauvreté, elle s’est aussi accompagnée d’un problème de redistribution des richesses.
Des défis à relever et l’envie d’espérer
Les acteurs veulent encore se convaincre que le monde pourra éviter la récession, même si l’année 2023 sera compliquée.
Les banques centrales espèrent limiter l’inflation sans amputer la croissance, en dosant la remontée des taux d’intérêts. Avec une nuance : quand la priorité de l’UE est de limiter l’inflation, celle des Etats-Unis est d’éviter absolument la récession.
Réduire les droits de douanes de l’administration Trump est d’ailleurs une voie explorée par Joe Biden pour limiter l’inflation.
Pour le FMI, pour que l’inflation s’installe durablement, il faudrait un cercle vicieux où hausse des prix entraînerait une revalorisation des salaires, qui elle-même alimenterait la hausse des prix.
Aux Etats-Unis, la pandémie et la politique d’immigration restrictive qu’avait mise en place l’administration Trump pèsent aujourd’hui sur l’économie en créant des tensions sur le marché du travail.
Les économistes font le pari qu’inflation et chute des cours à Wall Street sont de nature à favoriser le retour des candidats vers le marché de l’emploi.
Un monde qui devra également avancer sans la locomotive Chinoise (5,5 % de croissance selon les autorités, 4,5 % selon le FMI, 2,3 % selon certains chefs d’entreprises).
Au premier trimestre 2022, la demande mondiale de containers a baissé de 1,2% selon Maersk, numéro deux mondial du secteur, qui reconnaît que ‘’la croissance des flux commerciaux s’est stabilisée au départ de l’extrême-Orient vers l’Amérique du nord et de l’Europe’’.
Le ralentissement industriel en Chine, devrait se faire sentir sur les chiffres du 2nd trimestre. Un sentiment partagé chez Hapag-Lloyd. D’autant que les taux de fret, bien qu’en retrait au départ de la Chine depuis fin mars, restent à des niveaux élevés.
La nécessité d’investir, d’innover…
Malgré les menaces, les participants de Davos fondent leurs espoirs sur la dynamique d’innovation d’un monde qui change vite : une nouvelle et nécessaire organisation du travail, une décarbonisation impérative, pour des questions de climat et aujourd’hui d’indépendance économique.
Un défi qui va nécessiter énormément d’argent (le chiffre de 5000 Mds annuels a été avancé) et ‘’une action publique prévisible, dans un cadre clair’’ (Ignacio Galan – PDG de l’énergéticien Iberdrola) pour combattre les réticences fortes (‘’build anything, anywhere for anybody’’) rencontrées.
Un besoin de créer la confiance nécessaire pour l’acceptation de la révolution digitale, indispensable pour les défis de la vaccination.
Le patron du laboratoire américain Pfizer, Albert Bourla, est confiant dans la capacité de la science à vaincre la pandémie, notamment en développant un vaccin commun à la covid 19 et à la grippe.
Le laboratoire va également mettre à la disposition des 45 pays les plus pauvres, tous les médicaments sous licence, actuels et futurs, ‘’à leur prix de fabrication, hors frais de recherche. Cela concerne 1,2 milliard de personnes’’
Selon la société de relations publiques, 62 % des sondés dans le monde font confiance aux entreprises (53 % en France) pour défendre les droits de l’homme et les lois internationales, comme lorsqu’elles décident de quitter la Russie après l’attaque de l’Ukraine.
Le cabinet constate aussi que la confiance croît avec le niveau de revenu, signe d’une société de plus en plus facturée.
… peut être dans un nouveau contrat social, mais surtout dans la digitalisation.
Le forum de Davos est aussi le cadre d’innovation sociale provocante. Le revenu universel il y a deux ans. La semaine de quatre jours pour l’édition 2022, proposée par exemple par Jonas Prising, patron de Manpower. Comme un remake des initiatives d’Henry Ford ou de Kellog dans les années 30, avec l’espoir de gains de productivité qui permettraient de maintenir les salaires.
Les réticents lui opposant l’échec des 35 heures en France qui n’ont atteint aucun de ces objectifs.
L’accélération de la digitalisation des acteurs économiques constitue certainement un axe prioritaire. Amélioration de la visibilité, prospection dynamisée, gains de productivité, montée en compétences des collaborateurs, attractivité renforcée sont autant de retours escomptés sur les investissements. Une véritable dynamique 360° pour se rappeler que la meilleure défense c’est l’attaque.